Lorsqu’on parle de neo-trad, on pense souvent à l’américain, mais le terme s’applique aussi aux autres styles « traditionnels ». Bien entendu, le tradi japonais n’est pas en reste (on parle alors parfois de « neo-japonais »), et il y a toute une génération de tatoueurs talentueux partout dans le monde qui déploient une énergie folle pour construire encore plus haut l’édifice entamé il y a des siècles par les fondateurs. Parmi eux, certains se sont imposés sur le devant de la scène. Notre super girl Hell on Heels a posé ses questions au jeune Irlandais à l’encre aux parfums d’encens lointain.

Ondori.

Chris-Crooks-1

Peux tu te présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Chris Crooks, je viens de Belfast et je tatoue depuis 15 ans, mais cela fait environ 10 ans que je me suis spécialisé dans le style japonais.

Qu’est ce qui t’as donné l’envie de devenir tatoueur, quel est ton parcours ?

Pour être honnête, je ne m’en souviens pas j’étais très jeune, c’était vraiment quelque chose que j’ai toujours voulu faire. J’ai eu beaucoup de chance car beaucoup de membres de ma famille avaient des tattoos, et mon père était tatoueur , donc j’ai pu commencer à observer et apprendre très jeune.

Pourquoi as tu choisi de te spécialiser dans l’art du tattoo japonais, pourquoi l’aimes-tu si particulièrement ?

Je ne pense pas que cela à été un choix, j’aime avant tout leur art, et ma famille collectionnait un certain nombre d’antiquités et des meubles japonais magnifiques. Au début, ces deux choses que sont l’art du tatouage et l’art japonais étaient pour moi séparées, mais au fil des années je les ai rapprochés, l’un inspire naturellement l’autre.

Qui as été ton « Sensei » (professeur en japonais) ?

Je viens d’Irlande, donc on ne va pas parler de Sensei, mais plutôt de tatoueur, c’était un gars qui s’appelait Jack, il était spécialisé dans le Old School, donc j’ai appris de cette manière, c’est un style de référence dans le domaine du tattoo, mais ce n’est pas aussi strict que le style japonais malgré qu’il y ait des similitudes.

Tu as déjà tatoué avec un tebori (outil traditionnel manuel) ?

Non, particulièrement parce que je pense que je ne devrais pas utiliser cet outil sans avoir été correctement entrainé, j’aimerais beaucoup mais seulement si on me supervise afin de l’utiliser correctement, question de respect.

Par quoi es-tu inspiré pour créer tes tattoos ?

Je ne sais pas vraiment, je pense que je suis inspiré par d’autres artistes japonais, dont j’ai pu voir les œuvres il y a des années… Tu ne peux pas dire que tu es inspiré par toi même, si tu es en route pour une destination, tu es inspiré par l’endroit où tu te rends mais tu dois aussi être inspiré par ce qui t’entoure en même temps… c’est un peu difficile d’être constamment inspiré mais je pense que consciemment, tu ne peux pas savoir ce qui t’inspire exactement, tu sais qu’il y a quelque chose, tu continues de progresser donc quelque chose doit bien te conduire à cette progression.

Est-ce difficile d’être un spécialiste du tatouage japonais sans être japonais ?

Oui, je pense qu’au début j’ai passé beaucoup de temps à me poser des questions, sur l’authenticité de mon travail car je ne suis pas japonais. C’est un peu comme si tu aimes le rap et que tu es blanc, tu peux l’aimer et connaître plein de choses à ce sujet mais tu es toujours blanc, c’est la même chose avec le tattoo japonais ! Je pense qu’une fois que tu trouves un certain confort dans ton travail, que tes concurrents qui eux sont Japonais, Taïwanais, Chinois, Coréens, une fois qu’ils commencent à apprécier ton travail, tu retrouves une certaine paix intérieure car ça te conforte dans le sens que tu fais les choses bien. Mais le début est vraiment très difficile.

Peux tu me parler du tatouage le plus fou que tu aies réalisé ?

Pour être honnête, le plus fou, c’était un bodysuit ! (tattoo intégral) Cela représente des heures de travail, avec des zones plus sensibles à tatouer, autant pour le tatoué pour les zones douloureuses, que pour moi sur des zones difficiles à tatouer en terme de technique .

Si un mec te donnais son corps pour une création libre, que ferais tu ?

Humm…je ne sais pas ! (rires) Cela arrive tous les jours en plus, et je n’aime pas vraiment avoir autant de responsabilités, j’essaie toujours de savoir ce que la personne souhaite réellement pour qu’elle ne soit pas déçue, donc au final je ne fais jamais ce que je veux !

Et qu’est ce que ça fait d’être considéré comme l’un des meilleurs dans ton domaine ?

Je ne sais pas, je pense, que si quelqu’un doit l’être il l’est, cela n’arrive pas par accident. Ça arrive quand tu travailles très dur, c’est ce que je fais actuellement , et rien d’autre, je tatoue environ 60 à 70 heures par semaine. Tu n’as pas le temps pour quoi que ce soit d’autre. Certains tatouent pour le fun, font de marathons…moi j’essaie juste de faire les meilleurs tattoos possibles. Si je vois quelqu’un faire mieux que moi, je me fous un coup de pied au cul, je suis vraiment exigent avec moi même.

Pour finir, peux tu me parler de la différence entre le tatouage japonais traditionnel & le néo traditionnel japonais que l’on voit de plus en plus ?

Je vais te donner mon opinion, je ne peux pas te dire quelle est réellement la différence , je pense que le traditionnel suit des règles et des lignes directives du passé, tu te bases sur ce qui as déjà été fait et consciemment tu essaies de maintenir les standards de l’approche traditionnelle. Je pense que le néo traditionnel japonais est générationnel, chaque artiste veut apporter sa touche en s’inspirant des traditionnels, je pense que c’est cela la différence.

Merci encore infiniment à Chris pour son temps et ses réponses. Retrouvez-le et suivez-le ici :

instagram

Facebook

site internet du studio White Dragon Tattoo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.