Voici un tatoueur que je souhaitais vous présenter depuis un long moment, ToKo Lören, qui officie chez Needles’Side à Thonon les Bains, à la frontière Franco-suisse où ils préparent leur évasion fiscale ;). Celui-ci a un style hyper graphique et des plus original, on peut reconnaître une création de ToKo en un clin d’œil. Mais dans son planning très chargé, ToKo ne trouvait pas le temps de répondre à mes questions et c’est tant mieux car ce fut à l’occasion du Mondial du Tatouage, il y a quelques semaines, que j’ai pu le rencontrer. C’est avec décontraction et une grande sympathie qu’il répondit à mes questions.

Bonjour Laurent, ToKo Lören c’est un pseudo intrigant, quelle est son histoire ?

Il n’y en a pas trop. Laurent c’est mon prénom. J’ai commencé le tatouage quand mon ex femme est tombée enceinte et quand mon fils est né, je me suis dit que j’avais 9 mois pour être au point sinon j’arrête. Ca a marché et mon fils d’appelle Sören. Comme mon prénom est Laurent, j’ai choisi Lören en changeant le « s » de Sören. Concernant Toko, c’est un ami polynésien, qui a écrit le dictionnaire des symboles et qui est un très bon ami à moi, qui m’a baptisé comme ça pour diverses raisons, tout simplement.

Comment t’es venue l’envie de devenir tatoueur ?

Je suis passionné de tatouages depuis toujours mais j’avais jamais imaginé être tatoueur. J’ai fait pas mal de dessin toute ma vie mais je n’y ai jamais pensé car les tatoueurs étaient des dieux pour moi et je ne pensais pas atteindre leur niveau. Je pensais que c’était pas pour moi jusqu’à ce qu’on me dise le contraire.

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Comment définirai-tu ton style ?

Je ne sais pas trop comment le définir. J’aime les illustrations vintage, les vieilles photos… Ces derniers temps, je travaille beaucoup avec des structures métalliques, des trucs un peu bizarres, beaucoup de 3D incorporée à des trucs très vieux mais ça évolue tout le temps. Quelques mois en arrière, je faisais beaucoup de couleurs pastel, j’en fais presque plus aujourd’hui. Donc voilà, ça évolue…Les trois quarts des gens me disent que mon style est clairement identifiable mais je ne saurai pas le définir moi-même… c’est tout simplement moi quoi !

Avant, tu étais graphiste. Avais-tu déjà ce style en tant que graphiste ?

Plus ou moins oui… Mais bon à l’ancienne car c’était quelques années en arrière du coup. J’avais déjà un style « décalé » par rapport à la norme mais ça ne s’est jamais vraiment représenté en visuel car en tant que graphiste, j’avais quand même beaucoup de contraintes de clients qui ne voulaient pas forcément ce que moi je voulais faire donc j’étais un peu obligé de fermer ma gueule…

Dans le tatouage, est-ce que tu essaies d’imposer ta vision du tatouage ou tu es vraiment à l’écoute du client ?

Disons qu’en fait, on travaille dans une optique où les gens nous demandent pour un thème et du coup, on ne leur demande pas de visuel. S’ils nous envoient un visuel, il y a très peu de chances qu’on l’utilise, on va plutôt piocher dans nos ressources en fait. Ils ont le droit de dire « j’aime pas », je n’impose rien mais on part plus dans l’idée que s’ils aiment le style, plus ils vont nous laisser faire, plus ils seront satisfaits et plus ils auront notre style. On est tatoueur, on n’est pas là pour imposer des dessins mais pour accompagner, on est là aussi pour apprendre aux gens ce qui est possible de faire. C’est plus une façon d’instruire d’une certaine manière.
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Aujourd’hui, tu travaille avec Xoïl. Comment vous-êtes vous connus ?

Avec Xoïl, on se connait depuis l’adolescence en fait. On a fait les 400 coups ensemble, on s’est perdu de vue pendant quelques années et quand on s’est retrouvé, il était tatoueur, je ne l’étais pas puis finalement, les choses de la vie faisaient que l’on se voyait ou pas, un peu comme tout le monde finalement. Ensuite, je suis devenu tatoueur, j’ai déménagé dans le nord de la France où j’ai fait mes débuts puis au bout d’un moment, Xoïl m’a recontacté pour me demander de travailler avec lui chez Needles’Side tattoo et c’est à partir de ce moment là que tout a pris de l’ampleur pour moi car je suis arrivé dans un collectif où il y avait énormément de créativité et énormément de technique en tatouage donc j’ai pu puiser dans toutes les techniques et dans chaque artiste toute la créativité dont j’avais besoin pour aller plus loin.

Avec ton expérience de graphiste, te sers-tu de logiciels comme Photoshop ou Illustrator pour réaliser tes tatouages ?

Bien sûr, j’utilise les deux en fait. A l’époque, quand j’ai commencé le tatouage, j’utilisais exclusivement Illustrator car ça a toujours été mon logiciel de référence mais finalement, en évoluant, j’utilise beaucoup plus photoshop car ça me permet d’ajouter des textures assez intéressantes.

Est-ce que tu pratiques d’autres formes d’art ?

Oui, je peins, j’ai fait pas mal d’expositions cette année. J’utilise des techniques mixtes en terme de création, je vais utiliser des bases d’infographie que je vais coller mais je vais utiliser juste le noir, ensuite je vais appliquer des textures en aquarelle, de la matière, superposer des couches de collage puis je repeins par dessus… c’est un peu comme les tatouages mais la différence c’est que quand je fais un tatouage, le projet est purement infographie et le tatouage est fait uniquement à la main tandis qu’en peinture, je mélange un peu les deux et je fais tout sur le même support.

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Quels sont tes projets d’avenir ?

Pour l’instant, je suis bien là, à ma position. J’avoue qu’en fait, j’ai pris de l’importance en peu de temps, plus à l’étranger qu’en France mais je suis assez content de tout ça… Ça fait du bien pour tout le travail qui a été fait jusqu’à maintenant donc j’ai l’intention de profiter de cette situation le plus possible. Je pense continuer dans le tatouage car je m’y sens à l’aise et j’aime cette vie là. Ca fait 5 ans que je tatoue au fait, c’est un peu prématuré, c’est allé assez vite même un peu trop des fois j’imagine mais pour le moment, je suis bien dans ma situation ! Peut-être le projet d’ouvrir une boutique ou le projet de faire quoi que ce soit de mieux… de profiter, continuer à voyager grâce à mon travail et continuer à profiter d’avoir une petite notoriété à l’étranger et essayer de me faire un peu plus connaître en France tout simplement !

Quelle est la demande la plus insolite que l’on a pu te faire ?

Il a dû y en avoir des centaines mais à force de drogue et d’alcool, on finit par tout oublier… Mais sinon, la plus insolite ça a été une nana que j’ai tatouée qui venait de Munich et disait être fan de notre style. Elle n’avait pris aucun rendez-vous et souhaitait être tatouée du lendemain. Elle voulait un trait qui partait des orteils, qui monte jusqu’à l’épaule et qui descende jusqu’à la main donc une demande assez bizarre quoi, surtout cette façon d’aborder le truc qui était vraiment bizarre. J’avais de la place du lendemain, je lui ai donc fait des traits un peu fous qui partent des orteils et qui finissent un peu plus haut que la nuque, presque sur le crâne finalement, un projet assez fou… Elle a kiffé le projet, elle n’a pas bronché une seule fois pendant les 9h de séance, pas un son de voix, rien. Elle est repartie en marchant normalement, on entendait juste le bruit du cellophane car elle avait la moitié du corps recouvert ! C’était assez hallucinant comme truc. D’ailleurs ça s’est bien passé car elle a pris rendez-vous pour faire le deuxième côté…

Qui t’a formé et quelles sont tes inspirations ?

En fait, j’ai commencé mes trois premières années sans avoir de formateur, j’ai appris tout seul. Ensuite, je suis arrivé dans une boutique que j’ai du faire tourner avec peut-être une dizaine de tatouages à mon actif car le tatoueur du shop ouvrait sa propre boutique ailleurs. Ça a commencé comme ça. Et là, mon ex est donc tombée enceinte. Ca m’a motivé, je me suis retrouvé du jour au lendemain avec 4-5 rendez-vous par jour pour des putains de monstrueux tribals alors que j’avais jamais fait autre chose que des tracés ou encore je faisais des manchettes japonaises alors que j’avais jamais fait de couleurs… J’ai dû m’adapter sur le tas. J’ai fait ça pendant 3 ans puis fatalement, quand t’as plein de rendez-vous, t’es obligé d’envoyer à un moment du pâté car sinon, plus personne ne vient dans ton shop. Ça a donc marché rapidement mais même si c’était pas non plus la super classe, ça restait du travail de qualité quand même. J’ai donc appris comme ça et au bout de 3 ans, Xoïl m’a contacté et je pense que c’est là que j’ai vraiment peaufiné ma technique, il m’a quasiment fait tout changer dans ma façon de travailler en fait.

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Tu t’es donc fait connaître plus à l’étranger qu’en France. Comment cela s’est-il passé, à travers des conventions ? des guests ? des magazines ?…

Oui, en fait, la première publication que j’ai eue s’est faite en Hongrie, apparemment ils sont super fans là-bas et c’est un gars qui m’a proposé une interview directement, j’ai peut-être eu 6 pages et petit à petit, le fait de travailler avec Xoïl qui est clairement international, on a commencé a être de plus en plus invité dans les conventions, ça s’est donc pas mal goupillé, surtout en Angleterre d’ailleurs où dès qu’il y a une convention, j’y suis quasiment. J’ai également fait une semaine de guest à Budapest chez Tchiou Tchiou, c’était assez cool, ça m’a permis de voir d’autres façons de travailler. Y a également Skin Deep qui m’a fait une interview donc ça a pas mal bougé quoi…










Nous remercions encore ToKo Lören pour nous avoir accordé cette interview, vous pouvez le suivre sur facebook ici

A propos de l'auteur

Graphiste et Webmaster de profession, c'est fin 2012 que je décidais de lier mes passions pour le tatouage et l'informatique en créant inkage.fr. Retrouvez moi sur Google plus

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Une réponse

  1. Rico

    Salut j aimerais me faire une roses des vents sur le flanc et je suis à la recherche de modèles aurais tu quelques idées stp rico

    Répondre

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