Je vous invite fortement à feuilleter longuement chaque page du livre « The Art of the Leu Family » réalisé par Aia Leu. Il retrace l’histoire de cette célèbre famille de tatoueurs et d’artistes sous forme de chapitre dédié à chacun de ses membres et dans un ordre chronologique bien précis: des grands-parents aux jeunes enfants. On découvre alors d’où vient leur goût prononcé pour les arts sous les noms d’Eva Aeppli, artiste contemporaine (mère de Félix) et de Bianca Buscaglia, cantatrice (mère de Loretta). Si on peut dire que chacun a sa propre identité graphique, on ressent certaines influences des « années 70 » liées aux différentes démarches de Félix, Loretta, Filip, Ajja, Titine et Tanina. Tandis qu’Eva, Miriam et Aia ont un style plus contemporain, plus moderne.
C’est ce qui fait la force de cette famille qui puise son inspiration dans ses origines tout en étant ouverte vers le monde extérieur et sa modernité. Ce livre permet également d’en savoir plus sur leur histoire personnelle. La journaliste, qui préface le livre, raconte sa première rencontre avec Félix et Loretta à Formentera, en Espagne. À l’époque, ils avaient deux enfants: Filip et Ama, mais elle explique à quel point ils étaient attachés à leur mode de vie bohème même si les conditions étaient particulièrement rudimentaires. Ils travaillaient dur pour nourrir leurs enfants, enchainant les journées de production intensive de vêtements, ceintures et autre objets qu’ils allaient vendre aux touristes d’Ibiza.
Sans compromis, ils avaient décidé d’éduquer Filip et Ama à la maison. Ils leur ont appris à lire, à écrire et à parler plusieurs langues. Le dessin, la peinture et la musique faisaient partie intégrante de leur vie quotidienne et c’est la raison pour laquelle ils se sont naturellement tournés vers le tatouage si proche de leur style de vie. C’est une histoire fascinante qui est largement imprégnée dans chaque dessin de « The art of the Leu Family » et qu’ils gardent précieusement comme un héritage familial à transmettre aux jeunes de la nouvelle génération : Cajun, Fay, Summer, Poppy et Indica. C’est cette transmission du savoir et de leur patrimoine qui contribue largement à leur légende ! Dans une société éclatée où l’individualisme règne en maître, la famille Leu, c’est la famille qu’on aurait tous aimé avoir. Pour acheter le livre: www.seedpress.ie

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Bonjour Aia, peux-tu te présenter ainsi que ton parcours artistique ?

Avec plaisir Alexandra. Il faudra m’excuser, mais le français n’est pas ma langue natale mais je ferai de mon mieux. J’ai commencé à dessiner à un âge très précoce et, naturellement, étant entourée de mes parents artistes Felix et Loretta, j’ai eu de superbes professeurs. J’ai aussi beaucoup appris en suivant mon frère aîné Filip, qui a toujours été très talentueux. Il m’a aidé à apprendre rapidement. À l’adolescence, je suis allée étudier le dessin et l’aquarelle en privé avec un artiste à Vevey. C’est là que j’ai vraiment commencé à aimer le dessin de modèle et d’après nature.

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Pourquoi as-tu eu envie de publier ce livre maintenant ?

L’idée de ce livre était dans ma tête depuis de nombreuses années car rien de tel n’existait encore au sujet de ma famille. J’ai recueilli beaucoup d’images et sérieusement commencé à travailler sur le livre il y a environ deux ans.

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Comment as-tu choisi les dessins ou œuvres représentant chaque artiste ?

Séparé en différents chapitres, le livre montre une histoire chronologique des œuvres de chaque personne en partant de leurs travaux les plus anciens. J’ai réfléchi et choisi les images avec soin avant de finaliser chaque chapitre pour m’assurer que les œuvres représentées étaient aussi visuellement complémentaires les unes avec les autres.

Loretta et Félix ont fait le choix d’éduquer leurs enfants à la maison. Est-ce que cela a été également ton cas ?

Mes parents voyageaient beaucoup et ils nous ont éduqué « on the road ». Parfois, ils nous ont envoyé à l’école dans les pays où l’on est resté pour des périodes plus longues, comme l’Inde. Il y avait souvent autour de nous des familles avec le même mode de vie que le nôtre, donc nous avions beaucoup d’autres enfants avec lesquels jouer. J’ai moi-même deux filles et j’ai décidé de ne pas les éduquer à la maison. Je vis à la campagne et je sentais que je n’aurai pas pu leur offrir l’interaction sociale dont les enfants ont besoin.

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Ton style de peinture est assez différent des influences que l’on peut ressentir dans les dessins ou peintures de Félix et Loretta. Que souhaites-tu exprimer dans ta peinture ?

Dans mes peintures récentes, je me suis inspirée par les formes sculptées par le vent et l’eau ou les détails uniques d’un paysage ou d’un bâtiment. J’aime aussi l’idée que les aspects de la nature vus de très près peuvent prendre un concept complètement différent. Lorsqu’on se concentre uniquement sur les formes et les couleurs, la nature pourrait tout aussi bien être abstraite.

Peut-on dire que l’art fait partie intégrante de votre vie quotidienne: la musique, la peinture, le tatouage ?

L’art fait partie de ma vie quotidienne, et je peins presque toujours en écoutant de la musique; elle est très importante pour moi.

As-tu eu envie d’apprendre à tatouer ?

Quand j’avais 17 ans, Felix et Loretta sont partis en voyage pendant un certain temps et j’ai travaillé avec Filip dans le studio de tatouage familial à Lausanne. Je m’occupais des rendez-vous, de la préparation des dessins et de la mise en place du matériel de tatouage pour chaque client. Filip m’a appris à tatouer et bien que cela m’ait plu et que je l’ai un peu pratiqué, j’ai toujours été plus intéressée par le dessin sur papier. Cela ne bouge pas !

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Tu as choisi l’auto-édition, est-ce qu’il y a une raison particulière ?

L’auto-édition de ce livre a été un choix facile car j’avais déjà publié avec mon mari, Steve Allin, son livre « Building with Hemp » qui parle du sujet de la construction en chanvre. Parfois, obtenir un éditeur pour sortir un livre peut prendre des années et avec l’auto-édition, vous avez bien sûr un contrôle complet sur le résultat.

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Comment s’est déroulée la dédicace au mondial du tatouage ?

Le Mondial du Tatouage à Paris était fantastique, c’était vraiment une bonne convention et c’était un grand plaisir d’y être. Merci à Tin-Tin ! La dédicace du livre a été superbe et j’ai eu beaucoup de bon « feedback » du public présent. Avec presque toute la famille ensemble, chose pas toujours facile à organiser car on est beaucoup et nous vivons dans des pays différents, c’était trois jours très joyeux!

A propos de l'auteur

38 ans, photographe pour inked puis rise.... amoureuse de l'image. Tatouée depuis l'âge de 17 ans, passionnée d'histoire et de culture du tatouage. Collectionneuse invétérée de livres sur ce sujet. Co-créatrice d'un fanzine dédié au tatouage FREE HANDS FANZINE. Son profil Google plus

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