« Un bleu au pays des peaux bleues »

Reportage du journaliste Christophe Crénel

Grande Halle de la Villette. Pas encore le Palais des expos de la Porte de Versailles mais quand même. Le Mondial du Tatouage, c’est maintenant 26 000 m2 blindés de tatoueurs, de tatoués, de curieux et 30 000 personnes sur 3 jours. Quand l’underground devient overground !

J’y vais en photographe gourmand à la peau vierge. Première étrange impression, le bruit d’une armée électrique, des centaines de stylos tatoueurs qui crépitent et les gens allongés sur des tables dans toutes les positions kamasutresques offrant une partie de leur corps visiblement de bon coeur. Il m’a quand même fallu 10 minutes pour dépasser l’impression de mettre les pieds dans un hôpital de campagne. Me sentir adopté aussi.

On se marre d’un stand à l’autre. Les tatoueurs se font tatouer par les potes en attendant le prochain client. Et j’en prends forcément plein les mirettes avec des pièces hardcores (genre visuel Alien tatoué sur le ventre), de la poésie (très fan du boulot de Guillaume Smash qui fait des effets de tramés sur des portraits de Victor Hugo, Dali ou Louis 2 de Bavière (?!)), du traditionnel avec pas mal de japonais (Ok, j’ai un peu mal quand même à chaque petit coup de burin encreur) et des tatoueurs (Dimitri, Easy Sacha du Mystery Tattoo Club) qui prennent quelques minutes pour te parler de leur boulot.

Il y a aussi le maître de cérémonies, Tin-Tin qui officie sur la scène centrale où se déroulent des concours. Ça c’est le côté kermesse avec le plus beau petit Noir et Gris, le meilleur tatouage intégral, désigné par un jury hilare, en attendant les concerts du soir.

Ok, mais au fait pourquoi vous venez les gens ? Pourquoi ici et pas dans un petit salon pour vous faire tatouer ? Bon, l’un n’empêche pas l’autre et puis, visiblement. Il y a la curiosité de voir le boulot de tatoueurs venus exceptionnellement du bout du monde, le petit bonus exhibo de montrer ses tattoos, d’échanger sur le rapport ambigu plaisir et souffrance avec des novices comme moi (merci Pascal Gueugue) et une armée de peaux bleues les plus diverses: du Kawaï au Goth en passant par les Gabbers et de bons vieux rockers tout droit sortis d’un épisode de Sons of Anarchy.

  

Dernière bonne surprise du Mondial du tatouage : il y a, à peu près autant de tatoueuses que de tatoueurs ! Et vous attendez le happy end où je me fais tatouer une gorgone sur la cuisse par Mater Médusa, la sexy tatoueuse italienne from Roma. L’idée fait son chemin, l’encre peut être une prochaine fois. Hâte de rentrer pour travailler mes photos.

Merci Christophe Crénel pour ce reportage sur le Mondial du tatouage 2017. Admirez ses magnifiques photos sur son site photobangs.fr