En Iran, les tatouages ont longtemps été considérés comme la marque des criminels. Mais depuis quelques années, ils sont devenus très populaires auprès de la jeune génération. Celle-ci a d’ailleurs abandonné l’utilisation du mot persan « khalkoobi » pour le terme « tatouage » occidental. Malgré cet essor, la scène du tatouage iranien doit rester « underground ».

Bien qu’il n’existe pas de loi spécifique contre la pratique du tatouage, les autorités iraniennes utilisent la loi islamique pour dénoncer cette pratique comme ils le font déjà avec de nombreuses tendances jugées trop « occidentales « . Une pratique d’un autre temps, mais courante en Iran, consiste à faire défiler en public les personnes arrêtées. Parfois, pendant ces « défilés », les autorités exhibent les tatouages des individus comme « preuve » de leur culpabilité.

Kambiz arman un tatoueur iranien

Kambiz arman un tatoueur iranien

Résultat, l’ensemble des tatoueurs iraniens pratiquent leur art de façon clandestine, la plupart planqués dans les arrières salles des salons de beautés ou salons de bronzage. Certains de ces tatoueurs sont partis à l’étranger pour acquérir des compétences supplémentaires, se rendant dans les Émirats arabes unis ou au Kurdistan irakien. De retour, ils enseignent les techniques apprises à leurs collègues.

Sara est tatoueuse à Téhéran, la capitale de l’Iran, depuis plusieurs années maintenant.

« J’ai été formée par un maitre pendant environ 6 mois puis j’ai réalisé des motifs simples sous sa surveillance pendant plusieurs années avant que je commence à travailler de façon autonome. Maintenant, beaucoup de personnes demandent à ce que je leur enseigne à mon tour pendant que mon maitre d’apprentissage continuait à enseigner à d’autres. » déclare-t-elle.

 

Tatouage réalisé par l'artiste iranien Kambiz arman

Tatouage réalisé par l’artiste iranien Kambiz arman

« Toutefois, travailler en tant que tatoueur en Iran est très difficile. Tout est compliqué, dès le début. Par exemple, il est difficile d’obtenir des machines de qualité, nous devons les faire importer de l’étranger. Heureusement, celles-ci durent très longtemps. Mais ensuite, il y a l’encre. J’utilise des couleurs de très bonne qualité, je dois donc compter sur des amis qui voyagent à l’étranger pour me les ramener » rajoute-t-elle »Malheureusement, les autorités sont contre cette forme d’art, pour la même raison qu’ils s’opposent à des choses comme les cravates pour les hommes, ils pensent que c’est un signe d’occidentalisation. Ils ne devraient pas s’inquiéter, parce que de nombreux clients demandent en fait des tatouages ​​avec des éléments iraniens, comme des images de Zarathoustra,  des soldats Akhemenid, des symboles Faravahar, calligraphie en Nastaliq, et même des images du Livre des Rois ».

« Il y a 6 mois, un policier s’est fait passer pour un client. Heureusement , quand il a vu que je portais une écharpe et un Hijab (un voile), il a changé d’avis et a dit qu’il ne me dénoncerait pas. J’ai été très chanceuse, et depuis lors, je suis devenue plus prudente dans le choix de mes clients. Heureusement, mon travail est de qualité suffisante pour que le bouche à oreille fonctionne. »

Tatouage réalisé par l'artiste iranien Kambiz arman

Tatouage réalisé par l’artiste iranien Kambiz arman

« La majorité de mes clients sont des hommes, pour la plupart issus des classes moyennes et supérieures. Les femmes réalisent moins de tatouages, du moins avant de se marier. Beaucoup de mes propres amies me disent qu’elles ne veulent pas se faire tatouer avant le mariage par peur que leur mari n’apprécie pas ou pire pense du mal d’elles. Ce qui est certain, cependant, c’est qu’aujourd’hui en Iran, les tatouages ​​ne sont plus réservés aux criminels, mais aussi aux personnes soucieuses de leur paraître ! Au cours des dernières années, les tatoueurs iraniens ont appris à créer des tatouages ​​en trois dimensions et avec des ombrages. À mon avis, les tatouages ​​modernes sont de véritables œuvres d’art. » conclut-elle.

Une belle preuve de courage de la part de ces artistes qui risquent gros à pratiquer leur passion dans un pays où les autorités ne font pas preuve de clémence.

Source: http://observers.france24.com

A propos de l'auteur

Graphiste et Webmaster de profession, c'est fin 2012 que je décidais de lier mes passions pour le tatouage et l'informatique en créant inkage.fr. Retrouvez moi sur Google plus

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