Aujourd’hui, je vous présente une tatoueuse que j’estime particulièrement, il s’agit de Mélanie Paris qui officie chez Graphicaderme à Vaison la Romaine. C’est aujourd’hui une femme de talent mais également une maman épanouie qui a accepté de se livrer à Inkage.

Peux-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours ?

Mon parcours professionnel a été très varié: après un BEP et un Bac pro de vente en animalerie, il m’a fallut 6 mois de vie active dans ce secteur pour me rendre compte que ça ne me plaisait pas. Puis j’ai fais de la vente en snack, 2 années à la faculté d’arts plastiques à Montpellier et enfin 3 années en tant que monitrice éducatrice auprès d’adolescents avec un handicap mental, pour finalement trouver ma voie: le tatouage.
J’ai toujours aimé le tatouage. J’ai fait mon premier tattoo à 16 ans et ai fréquenté ce milieu ensuite. Je me suis faite tatouée pas mal de pièces avant mes 20 ans. Quant au dessin, c’est un héritage de mon père: celui-ci est portraitiste (http://parisandco.artblog.fr). Dans ses pas, je me suis mise à dessiner à l’âge de 16 ans (ce qui est assez tard finalement) et ne me suis plus arrêtée depuis.
Donc, c’est avec la passion du monde du tattoo et un bon bagage en dessin, que l’ampoule s’est éclairée il n’y a pas si longtemps: « Mais oui mais c’est bien sûr !!! Je veux être tatoueuse ! »

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Je sais que tu es devenue tatoueuse il n’y a pas si longtemps et que tu as tout quitté pour vivre de ta passion. Qu’en est-il aujourd’hui, te sens-tu épanouie dans ce que tu réalises tous les jours ?

J’adore mon travail. C’est vraiment mon monde, mon milieu, ça me ressemble. Je ne changerais pour rien au monde. C’est vraiment le métier qui me correspond: j’aime aussi bien l’ambiance qui règne dans le studio de tatouage, que la rencontre humaine qui s’y crée, la possibilité de gérer soit même son travail et, bien entendu, tout le côté artistique.
J’ai commencé à tatouer il y a 2 ans, dans un petit studio de tatouage sur Montpellier. Puis j’ai rejoins la grande enseigne « Graphicaderme » à Vaison la Romaine en septembre 2012. Pour ça, j’ai quitté mon Montpellier natal et ai emmené homme et enfant. C’était vraiment une aventure pour moi qui n’était jamais partie de Montpellier ! Mais c’est une expérience très enrichissante qui m’a permis de beaucoup progresser dans la technique de tatouage, mais aussi dans ma pratique artistique.

Depuis quand pensais-tu exercer cette profession ?

Bizarrement, je n’ai pensé à faire ce métier qu’assez tard. C’est à dire… il y a 2 ans et demi !! Un soir dans mon lit, ça m’a paru une évidence… et hop, 6 mois plus tard, je démissionnais de mon boulot de monitrice éducatrice, et je commençais à tatouer. (oui oui, moi quand je veux quelque chose, c’est tout de suite tout de suite…)

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Tu tatoues à l’encre noire, penses-tu passer à la couleur dans le futur ?

Oui, j’aimerais bien me mettre à la couleur, mais d’abord je veux parfaire ma technique de noir et gris. Et puis artistiquement parlant, je suis quand même plus attirée par ça. D’ailleurs je mets rarement des couleurs dans mes dessins… j’aime les clairs-obscurs, les forts contrastes… et mon crayon de prédilection: « la pierre noire » !
Et puis, le noir et gris en tattoo, c’est quand même plus simple que la couleur ! Pas besoin de 10 000 godets, pas besoin de rincer systématiquement ses buses pendant 30 ans entre chaque couleur, pas de peur que le foncé bave sur le clair…
Mais ça me tente quand même quand on voit les magnifiques pièces en couleurs qui sortent aujourd’hui… Mais à ce moment là, je reprendrais mes pinceaux en même temps.

Comment procèdes-tu, as-tu un book avec tes créations que tu proposes à tes clients ou préfères-tu avoir un modèle à reproduire ?

Ca dépend. J’aime autant tatouer mes créations (bien que j’aimerai qu’on m’en demande un peu plus) que des modèles déjà tout près (quel plaisir de tatouer un portrait d’acteur connu d’après une bonne photo par exemple).
PS: Lorsque je parle de modèle déjà tout près, je parle d’un travail d’après photo, pas du petit signe de l’infini avec « love » dedans !
Enfin, dans tous les cas, je me régale avec le réalisme en noir et gris, et encore plus dans les portraits.

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Tu es mariée avec le fameux Anthony qui a gagné le concours Inkage du mois dernier, quelqu’un que nous estimons également beaucoup, à quoi ressemble votre vie de tous les jours ? Arrives-tu à consacrer une bonne partie de ton temps à ta petite famille ?

Notre vie de tous les jours ressemble à celle du commun des mortels: on fait les courses, on va au boulot, on s’engueule, on court après le petit, on fait le ménage (un peu), on sort le chien…. et on parle boulot !
Mais l’avantage d’être tatoueuse c’est que comme les tatoueurs sont des feignants (c’est bien connu) les shops ouvrent assez tard (10h30 pour le mien), ce qui me laisse pas mal de temps le matin pour m’occuper de mon fils (puisqu’il me réveille entre 6h30 et 7h). De plus, je prends un jour de congé en plus dans la semaine (soit 3 jours avec le dimanche). Ainsi, je réussis très bien à allier vie professionnelle et vie familiale. J’ai vraiment de la chance de pouvoir faire ça.

Comment concilies-tu ta vie de maman et ta vie d’artiste ?

Disons que mon temps est partagé en deux: tout pour mon fils lorsque je suis à la maison, et tout pour ma vie d’artiste lorsque je suis au travail et le soir une fois que le petit dort. Et, entre tout ça, j’essaie de caler un peu de temps pour Antho !

Qu’est-ce qui te plait le plus dans ton métier ?

Le côté artistique sans aucun doute. Un métier où j’arrive à m’épanouir artistiquement… c’est le rêve!
Bon, c’est un peu moins le rêve lorsque je tatoue des petits oiseaux, des salamandres et des signes de l’infini trop de fois d’affilé, mais il y a toujours une belle pièce qui vient pointer son nez lorsque je commence à déprimer! J’espère que dans le futur, j’aurais de plus en plus de belles pièces à tatouer…

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Je sais également que beaucoup des pièces d’Anthony ont été piquées de ta main. Comment te sentais-tu la première fois que tu tatouais ton mari ? Est-ce devenu une sorte de routine aujourd’hui ?

Oui ! Bon, comme je l’ai pris d’occasion, il était déjà pas mal tatoué lorsque je l’ai rencontré, il avait déjà les deux bras, le dos, le cou, et un peu les jambes… Et c’est sur lui que j’ai fait mes premiers tattoos: dès que je faisais un dessin, il me demandais de le lui tatouer… il a été mon cahier de brouillon vivant. Il est ainsi devenu propriétaire de petits crânes, d’un tatou (admirez le jeu de mot), d’un Bernard l’Hermite, d’une Maryline, un Elvis, d’une Audrey Hepburn en calavera (mon premier portrait), etc…
Je ne le remercierai jamais assez de m’avoir fait confiance et de m’avoir obligée à le tatouer. Moi j’avais tellement peur que je refusais systématiquement. C’est grâce à lui si je suis tatoueuse aujourd’hui. Il m’a énormément soutenue. Surtout que j’ai appris toute seule au début, et ça a été très dur…
Aujourd’hui, ce n’est plus une routine parce que je ne le tatoue plus ! Effectivement, comme Anthony garde notre petit lorsque je travaille, nous n’avons pas de moments où nous pouvons être tranquille tous les deux pour que je puisse le tatouer ! Et puis en plus, il n’a plus beaucoup de place ! Alors il (je) économise ses deux derniers arrières de cuisses qui lui restent pour de beaux projets que je lui ferais plus tard!

Tu t’es récemment tatouée, sur le mollet, ton petit garçon (un rendu parfait qui plus est). Comment l’as-tu vécu, préfères-tu contrôler et donc te tatouer toi-même ou préfères-tu te faire tatouer ? Cette pièce est-elle devenue ta favorite ?

C’était une photo de Tom (mon fils) que j’adorais, parce qu’il y avait un effet de profondeur de champs (premier plan net, et arrière plan flou), et j’avais envie de travailler ça en tattoo. J’avais déjà fais un Mohamed Ali dans ce style. Mais qui, à part Antho (qui n’a plus de place et que je n’ai pas le temps de tatouer) ou moi pouvait se faire tatouer Tom?
Ben moi alors… ça tombe bien, j’ai mon intérieur de mollet gauche vide…et aller c’est parti…

Ben franchement, c’est pas terrible ! Il m’a fallu me concentrer ET sur ma douleur ET sur ma technique ! Et tout ça pliée en deux ! J’avais envie de faire une pause toutes les deux minutes… Finalement, je suis contente de cette expérience ! C’était à faire. Mais je ne recommencerais plus !! (De toute façon, je n’ai plus d’intérieur de mollet gauche de libre maintenant).
Pour ce qui est du résultat, il est en train de « crouter » en ce moment même. Donc j’attends la fin de la cicatrisation pour pouvoir juger mon travail.
Nous ne te voyons pas en convention alors que tu as du talent, pourquoi ce choix ?
Je ne me sens pas encore assez prête pour piquer en convention… C’est particulier la convention: on est loin de l’intimité du box de tatouage et le confort est assez limité… Peut-être l’année prochaine, je verrais. En attendant, je commence à présenter quelques pièces aux concours.

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As-tu un dernier mot pour nos lecteurs ?

J’aimerai sensibiliser le grand public au côté artistique du tattoo, et pas forcement qu’a son côté symbolique. Ce serait génial si plus de personnes osaient se faire de belles pièces originales et personnalisées plutôt qu’une petite écriture au poignet….
J’en profite aussi pour vous donner le lien vers mon site: www.lartdudessin.com

Quelques tatouages et dessins réalisés par Mélanie

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A propos de l'auteur

Tatoueuse en studio privé (Grimm's Tattoo) à Lille et passionnée depuis toujours par le monde du tatouage et le dessin.

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Une réponse

  1. steeve

    Bonjour, bravo pour votre page, il est bien de voir la récompense média que vous offrez aux tatoueuses 😉 un métier tellement d’homme…il est bien de montrer le travail des femmes en général 🙂 et pourtant je suis un homme 🙂 pour ma part, il n’y a plus qu’une femme qui me touche, un touché féminin sur un tattoo est un argument décisif! la mienne 🙂 kalie de chez kalie art tattoo, une fée aux doigts d’or, encore bravo à vous

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