Bonjour Mikki Bold, Tout d’abord, d’où te vient ce nom d’artiste ?

Bonjour ! Bonne question… C’est venu assez simplement en fait. Avant je bossais dans la musique, j’étais manager et je travaillais aussi en radio. Quand j’ai commencé à tatouer, je ne voulais pas que mes activités se confondent et le choix d’un pseudo s’est imposé. Pour l’Etat Civil, je m’appelle Mikaël et à l’époque, j’habitais à Pacy Sur Eure. Tu te doutes bien que s’appeler Mikaël de Pacy aurait été aussi drôle que litigieux (cf: Mikaël de Poissy). Je me la suis donc joué années 60 avec un nom Américain, parce-que l’américain c’est class tu vois, “Johnny Hallyday”, “Eddy Mitchel”, “Mikki Bold”, ça impose le respect.

Mikki c’est ce qui se rapproche le plus de Mikaël et c’est un prénom assez traditionnel dans le tattoo, ça collait parfaitement. Avec deux « k » comme Nikki Sixx, pour la petite référence à la musique. Pour le Bold, le mot parle de lui-même : dans mon travail j’aime le noir, le gras, les choses bien marquées. Dans un logiciel de traitement de texte, quand tu cliques sur le bouton « Bold » c’est pas pour faire dans la légèreté… Tout simplement. Ca m’a d’ailleurs valu le surnom de « Michel le gras » auprès de quelques bons potes…

Credit-Cédric de Brienne

Credit-Cédric de Brienne

Je sais que tu officies dans deux shops différents, peux-tu nous parler de ces deux derniers ?

Un shop et un atelier privé pour être exact. Mon atelier est situé à Ménilles dans l’Eure, un petit coin calme de campagne à 1h de Paris, apprécié par d’autres tatoueurs d’ailleurs, qui y vivent ou y viennent même en vacances. C’est là que j’ai fait mes débuts et j’y officie encore pour les habitués et pour les clients qui viennent de la région parisienne ou du sud, c’est plus court pour eux. C’est un endroit vraiment coupé de toute démarche commerciale, pas de vitrine qui donne sur la rue, pas de clients de passage, tout est sur RDV. J’y suis seul avec le client, c’est très intimiste.

Pour le shop, il s’agit de « Viens Voir Maman » à Petit Quevilly (Rouen), j’y suis une semaine sur deux depuis maintenant un peu plus d’un an. A la base, j’étais là pour « dépanner » et il faut croire que je m’y suis bien plu. Je suis arrivé au tout début de la boutique et le courant est vraiment bien passé avec Marylène (La « maman » de « Viens Voir Maman »), à tel point qu’on est devenus inséparables. On essaye de développer la boutique au maximum ensemble et en faire un endroit vraiment sympa, avec une bonne ambiance où les gens aiment venir et se sentent bien. On s’amuse bien, les potes et les habitués apportent gâteaux et boissons et il n’est pas rare que les clients qui viennent se renseigner arrivent en plein goûter !

On essaye de faire bouger les choses, inviter les guests, éduquer les gens aux divers courants artistiques, bref créer une vraie “culture tattoo” dans notre ville. On organise d’ailleurs tous les ans une soirée concept pour Halloween. On décore le shop, tout le monde se déguise, Marylène fait des réducs sur les actes de piercing et côté tatouage on prépare des flashs amusants… Les gens peuvent se les faire tatouer pour seulement 50€. Cette année il y aura Amy Mymouse (déjà présente l’année dernière), Yohann Dore (Anchor Tattoo – Perpignan) et moi-même ! Ca promet d’être une belle soirée et on attend pas mal de monde ! Pour en revenir à l’atelier et au shop, j’aime vraiment l’équilibre qui s’est installé entre les deux, deux démarches différentes, deux ambiances différentes, ça me permet de ne pas me lasser et d’avoir un bon rythme.

 

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Tu te déplaces également dans beaucoup de conventions et fait pas mal de guests. Trouves-tu encore du temps pour toi à côté ?

J’essaye… Je sors d’une année très importante où beaucoup d’opportunités et de grands événements professionnels sont arrivées, j’ai dû pas mal cravacher pour que tout se passe pour le mieux et bien en gérer les retombées. Maintenant que les choses sont bien lancées, je vais essayer de mieux gérer mon emploi du temps, passer un peu moins de temps dans ma messagerie et même tatouer moins pour pouvoir passer plus de temps sur mes dessins, peindre, creuser un peu plus et surtout m’aménager des plages de repos et passer plus de temps avec mes proches qui ne m’ont pas beaucoup vu ces derniers temps !

3 tatouage miki bold

 

Que t’apportent exactement tous ces déplacements ?

Des rencontres ! C’est un métier où l’on apprend tous les jours, voir d’autres boutiques, d’autres tatoueurs, d’autres méthodes de travail… Ça permet d’échanger, de voir comment bossent les collègues. On a tous des choses à apprendre aux autres et à apprendre des autres. C’est bénéfique tant sur le plan artistique que technique ou encore humain… Avancer, s’amuser, se faire des nouveaux potes au passage… Et de ce côté-là, j’ai pas mal été gâté cette année ! Idem pour les clients, on rencontre des gens différents, d’horizons différents avec des parcours différents. Ca fait un panel d’expériences humaines enrichissantes. Et c’est toujours touchant quand même, loin de chez toi, tu trouves des gens sensibles à ton travail qui viennent te donner un vrai retour sur ce que tu fais.

Autre avantage… Ca permet aussi de voir un peu de pays ! A l’époque où j’étais dans la musique, je voyageais pas mal un peu partout en Europe avec les tournées, j’ai un peu gardé le virus de la route. À la différence que maintenant, c’est pour moi que je travaille et que j’organise tout ça, pas pour les autres. Et là pour le coup, mes expériences passées me servent énormément. Mon côté sur-organisé me vaut d’ailleurs pas mal de gentilles moqueries de la part de certains collègues un peu plus “Old-School”. Quoi qu’il en soit, je vais continuer à quadriller le terrain, au programme cette année : Perpignan, Angers (Natural Tattoo), Clermont-Ferrand (Le Cri du Kassis), Lyon (Empreinte), Bruxelles (Deuil Merveilleux), Londres (Old London Road) et bien entendu Paris avec Le Mondial Du Tatouage !

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Comment qualifies-tu ton style de tatouage ?

Du Néocore pochoir trash graphique dancehall bicolore grunge ? Non franchement… Je n’en sais rien et je m’en fous un peu à vrai dire, surtout que j’essaye de faire évoluer le truc en permanence. Pour faire mieux, ne pas me lasser et surtout ne pas me reposer sur mes acquis. On va dire que c’est du « moi », non pas que je prétende avoir inventé quoi que ce soit, juste que c’est ce qui sort naturellement de moi quand on me demande un truc. Je ne cherche pas à inventer ou révolutionner quelque chose, j’y vais au feeling, en essayant de donner le meilleur de moi-même un peu plus à chaque fois.

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Je sais que tu réalises tes propres sketchs que tu proposes ensuite à tes futurs clients. Procèdes-tu la plupart du temps ainsi ou aimes-tu également que l’on te demande de réaliser un projet bien précis ?

Il n’y a pas de règle… Quand j’ai une idée, que j’ai envie de faire un truc ou faire évoluer mon style, je prépare les dessins et je les propose oui… Sinon la plupart du temps les gens viennent avec leurs idées (bonnes et mauvaises) et on fait le tri pour que ça colle au mieux. Il y a aussi de plus en plus d’adeptes de la « carte blanche » qui me laissent un bout de leur corps avec juste un thème et je dois me démerder avec ça. C’est d’ailleurs comme ça que je m’éclate le plus et que naissent les meilleurs tattoos. D’autant plus que j’essaye de bosser de plus en plus sur l’instant, en préparant directement la composition sur le client.

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Tu as en ce moment le projet de réaliser un bodysuit (corps intégral) sur un nain avec l’aide de Mope (Belfort Tattoo Family) afin d’établir un record mondial. Premièrement, si cela se fait, nous voulons des photos en exclu et deuxièmement… mais pourquoi ??

Parce-que ce nain serait le nain le plus class du monde ! Plus sérieusement, j’aime la technique, j’aime les défis, dès qu’il y a une connerie à faire où un truc « pas possible », je suis toujours le premier à dire « On a qu’à le faire on verra bien ». Mope est un grand grand technicien et l’idée a germé suite à quelques délires sur facebook et un rêve correspondant à cette idée que j’avais fait une nuit. Pour le moment, on ne s’est pas réellement penché sérieusement sur l’affaire, mais ça reste un « bon délire » que l’on serait content de réaliser. Qui peut se vanter d’envoyer un bodysuit en quelques dizaines d’heures ? En tout cas si un homme (ou une femme) autour d’1m30, a le doux rêve d’un bodysuit en blackwork et est aussi fou que nous passe par là, je l’invite à nous contacter…

J’ai l’impression que vous formez une grande famille avec la Belfort Tattoo Family et les Anchor tattoo Soixante Six. Comment vous êtes vous connus ?

Entre autres oui ! Comme je le disais précédemment, les guests et les conventions amènent à pas mal de rencontres. Après, tout le monde n’est pas toujours en mode « friendly no prise de tête » mais ceux qui le sont se repèrent très vite. En général, quand j’arrive en convention, je sais que ceux qui, comme moi, parlent très fort en rigolant très fort en installant leurs stands, ont de grandes chances de devenir des potes. Ceux qui arrivent avec des lunettes de soleil dans une salle obscure sans dire bonjour à personne moins…

Je me souviens d’une anecdote de Marylène Ernst (bodypiercieuse chez « Viens voir Maman », l’un des deux shops où tu officies) qui rapportait qu’une cliente était venue avouer qu’elle avait un petit faible pour toi. Qu’est-ce que ça fait d’être un beau gosse, est-ce dur à supporter ?

Ha tu trouves ? Je ne m’y attendais pas à celle là… Pour être exact, elle disait que mon pantalon était de trop… En général, ces choses arrivent quand je ne suis pas là ou occupé et Marylène me les raconte ensuite. Ca nous fait rire la “non-gêne” des gens, elle aussi a ses admirateurs. Enfin c’est comme ça dans tous les shops je pense. J’ai des collègues qui auraient des histoires bien plus drôles et salaces à te raconter, d’autant plus qu’en général, je suis bien trop naïf et absorbé par mon travail pour me rendre compte qu’on me fait du rentre-dedans.
Après, je ne pense pas que ce soit dû à moi ou à ma gueule, c’est plus le métier qui veut ça. Il y a 10 ans, les filles courraient après les guitaristes, maintenant c’est les tatoueurs. C’est sans doutes d’ailleurs pour ça que “tatoueur” devient tristement le « métier trop hype à la mode » que tout le monde veut faire… Tout le monde croit que c’est facile, qu’il suffit de commander une machine de merde en chine et trouer la couenne des gens par terre dans la cuisine, entre la cage du hamster et la gamelle du chien. On fait passer ses lacunes en dessin pour de l’art, l’hygiène déplorable pour du rock’n’roll, on devient une Rockstar dans son quartier et le tour est joué… bref…

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Que peut-on te souhaiter de meilleur pour les années à venir ?

Que tout ça continue ? Que la courbe de progression continue de monter, que ma tête reste (presque) froide, que je puisse continuer à m’amuser, voyager, rencontrer du monde, me faire plaisir et surtout que l’évolution des lois française encadrant le tatouage me le permette… Et de ce côté là on a encore quelques batailles à mener.

Tatouages réalisés par Mikki Bold

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Mikki Bold
[email protected]
www.mikkibold-tattoo.com
www.facebook.com/Mikkibold
www.tumblr.com/blog/mikkibold

1 semaine sur deux chez :
« Viens Voir Maman »
10D Boulevard Charles De Gaulle
76140 Le Petit Quevilly (Proche Rouen)

1 semaine sur deux à Ménilles (Proche Evreux)
Atelier privé uniquement sur RDV

En guest régulièrement chez : Le Cri du Kassis (Clermont-Ferrand), Natural Tattoo (Angers), Empreinte Bodyart (Lyon), Deuil Merveilleux (Bruxelles)

A propos de l'auteur

Tatoueuse en studio privé (Grimm's Tattoo) à Lille et passionnée depuis toujours par le monde du tatouage et le dessin.

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