Bonjour, Noksi, peux-tu te présenter rapidement ?

Bonjour, je suis Noksi, tatoueur depuis octobre 2012 à la boutique « l’Homme Invisible » dans le centre de Bordeaux. J’y travaille avec mes collègues et amis Crewer et Anem. Je suis originaire du Gers et j’ai vécu quelques années à Toulouse.

Quand as-tu commencé par être intéressé par le monde du tatouage ?

Un jour, autour de mes 14 ans, je suis tombé sur une boutique de tatouage et l’atmosphère qui s’en dégageait m’a marqué à vie. Une attirance certaine quand je flirtais avec le milieu punk.
Depuis gamin, j’ai toujours été abonné au fond de la classe, non pas pour faire le con (pas uniquement du moins…), mais aussi pour pouvoir dessiner en paix et parce-que je me rendais compte qu’étrangement j’avais plus de facilité à suivre les cours en dessinant.

A mes 20 piges, j’ai mis des sous de côté et je me suis fais tatouer un de mes dessins. Etant perfectionniste dans mes créations, je n’ai pas trouvé le résultat à la hauteur de mes espérances. L’équation fut donc rapide. C’est pour moi un métier où tu te dois d’être perfectionniste, surtout au prix que tu payes quelque chose qui va te rester à vie. Ce fut donc un mal pour un bien.

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Comment es-tu devenu tatoueur ?

Oula… Ça a été très long.. J’ai d’abord commencé chez moi, à l’arrache, avec du matos « made in China » et me suis servi de mes cuisses comme brouillon. Puis quelques potes confiants et insouciants ont voulu participer à mon auto-apprentissage.
En même temps, j’essayais de gratter des infos à droite et à gauche tout en cherchant un apprentissage avec mon book sans prétention. En récoltant chaque fois ce conseil unique que les tatoueurs me donnaient : « Tends bien la peau ! »

Bref, j’ai dû faire tous les métiers du monde ou presque (vendeur, projectionniste, maçon, plaquiste, pion, chauffeur-livreur, peintre en décors, plongeur, serveur, éduc en MJC, menuiserie alu…), et j’ai mis 6 ans à trouver une boutique qui a bien voulu de moi. Un premier apprentissage de 6 mois qui s’est mal passé et où je n’ai rien appris, si ce n’est que c’est un milieu très dur à intégrer, et où les conseils précieux se méritent bien souvent.
Après ça, j’ai été pris chez Crab Tattoo à Pessac (33), que je remercierai éternellement pour m’avoir appris le métier. J’y suis resté un an. Je tiens à remercier également Pti Seb qui m’a beaucoup appris et bien sur mon poto Matthieu aka Crewer qui m’a offert l’opportunité de développer ce style de tattoo que j’aime tant, au sein de sa boutique « l’Homme Invisible ».

Tatouer une personne est un acte symbolique et important, comment t’es-tu senti lorsque tu as réalisé ton premier tattoo ?
J’ai transpiré ma mère et fais du mieux que j’ai pu. Et ça a été ça pendant un petit moment !

Il y a beaucoup d’animaux et de plantes dans tes créations, tu es un amoureux de la nature ? Qu’est-ce qui t’inspire dans la nature ?

Oui j’ai toujours été proche de la nature (aiguisez les violons !). Surement l’héritage de mes parents et de leur belle époque Woodstockienne. J’ai beau habiter le centre-ville, je ressens souvent le besoin de retrouver ma campagne gersoise. Et la nature est la plus pure des inspirations. Ma mère fait depuis longtemps de la photo de nature et de bestiole en tout genre en macro. C’est fou comme les petites bêtes peuvent être fascinantes de détails, de formes et terrifiantes à la fois.

Souhaites-tu t’essayer à d’autres styles dans le futur ?

Je m’éclate pour le moment dans le noir et gris, les textures… Et j’ai encore énormément à apprendre. Mais peut-être que demain la couleur me tentera ! Pour le moment, je laisse ça à ceux qui savent faire. Et comme dit l’autre : Work in progress !

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Quels sont les artistes qui t’inspirent le plus dans le monde du tattoo ?

Énormément d’artistes, la liste serait longue. Et puis c’est comme la musique, on peut aimer un morceau d’un style qu’on aime pas d’habitude, ça parle ou pas. Pour moi c’est ça, en musique et en tattoo, c’est pareil, je m’intéresse à tout, tant que ça me parle.

La question rituelle, quelle est la demande la plus étrange que tu as eue de la part d’un client ?

Je me souviendrai toujours de cette femme d’un certain âge, venue à la boutique pour se faire tatouer « Raymond » au dessus du pubis. 1er tatouage, une césarienne qui n’a pas arrangée le chantier, son mec à côté qu’elle ne connaissait pas depuis longtemps. Généralement, on refusait les tattoos de « prénom de couple », mais là j’ai accepté, surtout après qu’elle m’ait fait comprendre qu’elle s’en foutait si ils venaient à se séparer, ce à quoi elle rajoute « et pis Raymond, c’est moche comme prénom ! » Vas-y je prend !! Du coup, au lieu d’un style chicano classique, j’ai opté pour un lettrage traditionnel avec une belle ancre marine à la Sailor Jerry. J’adore ce métier !

En dehors du dessin et du tatouage, exprimes-tu ton art sur d’autres médiums ? Y a-t-il des formes d’arts que tu souhaiterais expérimenter dans le futur ?

Je t’avoue m’être essayé au graff à une période, plusieurs blazes y sont passés, dont le dernier quand je vivais dans le Gers et à Toulouse, « Sinok », qui en verlan est devenu mon blaze de tatoueur, Noksi. J’ai fait quelques tableaux, mais peu d’entres eux ont réellement été finis. Des essais de fringues également. J’aimerai par la suite sortir quelques sérigraphies et tee-shirts, mais c’est le manque de temps à chaque fois, la préparation des tattoos en prenant beaucoup.

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Tu réalises beaucoup de mandalas, comment se passe la création de ce genre de pièces qui sont si complexes ?

J’aime jouer avec les nuances, les zones lumineuses, les jeux d’ombres, les textures, la superposition… Je trouve que ces motifs sont adaptés à entremêler tout ça et le rendu sur le corps est bien souvent efficace. Je prépare tout sur papier puis ordi et teste plusieurs façons de placer mes zones de clair / obscur. Il m’arrive de plus en plus souvent de composer le remplissage sur le coup, une fois le motif tracé sur la peau.

Par quels artistes rêverai-tu de te faire tatouer et pourquoi ?

Par des gens simples et sans melon. C’est pas évident de répondre à ça, il y a là encore beaucoup de monde à citer et beaucoup de route à faire pour aller les voir. J’ai toujours aimé les compos de Léa Nahon, Veks me fout sur le cul avec son univers, Hooper ou Yann Black, Kostek, la clique de Aka Berlin, 2 Spirit, et tellement d’autres… Je ne suis pas attiré par la couleur, plutôt par la ligne, le noir texturé, les compos bien grasses à la Robert Bordas également.

La culture tatouage est en plein boum ces dernières années, via les réseaux sociaux, les shows télé et autres, résultat, beaucoup de personnes se lancent dans le milieu. Penses-tu que cela est une bonne chose ?

C’est assez intéressant de voir à quelle vitesse avance le tattoo depuis quelques années. Chacun y trouve son compte et tant qu’il y aura du taf pour tout le monde ça ne fera qu’avancer et amener de nouveaux talents. Les réseaux sociaux ont permis cela, une bonne visibilité pour les tatoueurs et des clients avertis et intéressés qui peuvent trouver un tatoueur qui corresponde à leurs envies. Il est donc normal de voir le nombre de prétendants au métier augmenter.
Le côté flippant, c’est les demandes de formations par des jeunes (ou pas) n’ayant jamais dessiné et attiré simplement par le côté « cool » du métier. « Il faut que je devienne tatoueur !!! » Attend, reprend ta respiration, dis moi pourquoi… « Parce que je ne sais pas, j’me suis fais faire un tatouage et j’ai tellement kiffé youhouuuu !! »
J’essaye alors de leur montrer le dark side of the moon, que quand tu rentres à la maison après le taf et bien tu es toujours dans le taf… Que c’est un apprentissage de toute une vie, peu de temps pour toi, etc etc….. Mais les anciens en parleraient mieux que moi.

Pour nos lecteurs qui aimeraient se faire tatouer par tes soins, feras-tu des guests ou des conventions dans les mois à venir ?

Eh bien je vais à La Cour des Miracles à Toulouse du 6 au 9 janvier 2015 puis à la convention de Pau les 18 et 19 avril 2015 avec la famille de l’Homme Invisible. Peut être celle de Montpellier aussi, à voir.

Ici, tu as carte blanche, tu peux nous parler de ce que tu souhaites ou t’adresser à nos lecteurs.

J’aimerai par la suite faire de gros projets, n’hésitez pas à me faire des demandes.
Merci pour les cools commentaires que je peux recevoir, ça fait toujours bien plaisir.
Un peu de remerciements aussi, mais ça les lecteurs s’en foutent, c’est plus pour moi et les gens qui m’entourent, et j’ai toujours rêvé de faire ça haha :
Un grand merci à vous, à l’équipe d’Inkage pour l’interview (papa maman j’ai réussi haha !), à ma famille, mes frangins et la grande cousinade, ma petite meuf qui me soutient et m’aide du mieux qu’elle peut, tous les potes à Toulouse, Bordeaux, Auch (de puta magret !!)… Et bien sûr mes collègues et amis Anem et Matthieu (Crewer) de l’Homme Invisible pour la rigolade et tous les conseils qu’ils peuvent m’apporter. Un énoooorme merci à Crab Tattoo Pessac pour m’avoir offert la chance de faire d’un rêve un beau métier. Et un deuxième gros merci à mon collègue Matthieu aka Crewer pour m’avoir offert l’opportunité de me spécialiser grâce à sa boutique. Merci aux tatoueurs qui partagent cette passion. Merci à mes clients et revenez quand vous voulez, sur fond de bon son et jeux de mots bas-de-gamme, on rigolera une fois de plus.
Adishatz !

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A propos de l'auteur

Graphiste et Webmaster de profession, c'est fin 2012 que je décidais de lier mes passions pour le tatouage et l'informatique en créant inkage.fr. Retrouvez moi sur Google plus

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