D’une complexité rare, le tatouage réaliste ou encore l’hyper réalisme, qu’il soit en couleur ou en noir et gris, nécessite une grande précision dans les détails et une finesse irréprochable dans sa réalisation . C’est pourtant dans ce style que Tom à choisi de faire ses débuts.  Animaux, motifs floraux, et même biomécanique, le jeune français qui exerce au sein de son studio privé dans le sud ouest ne semble reculer devant rien, et surtout pas la complexité ! L’autodidacte à accepté de nous parler de sa passion et ses débuts dans celle ci.

 

Salut, peux tu te présenter à nos lecteurs ?

Salut, moi c’est Tom. J’ai 25ans et suis Artiste Tatoueur spécialisé dans le réalisme et principalement en couleur.

Depuis très jeune j’ai été initié à la peinture en particulier, par ma grand-mère. Mais,  la vie m’a poussé vers des études paramédicales, dans lesquelles je ne me suis pas vraiment retrouvé… Ce n’est qu’après ces études terminées que je me suis retourné vers l’art, et plus particulièrement le Pastel Sec dans lequel je me suis spécialisé avant de me lancer dans le 10e art.

En dehors de tout ça, je suis quelqu’un de très sportif, et particulièrement passionné par diverses activités (Ski, Escalade, Surf, Bodybuilding…). J’ai d’ailleurs un moment été sportif de haut niveau en ski et escalade.

 

 

Qu’est ce qui t’as donné envie de devenir tatoueur, quel est ton parcours ?

Tout a commencé il y a seulement quelques années, j’ai décidé un beau jour de réaliser un portrait graphite en ultra réalisme, sans avoir jamais vraiment toucher un crayon auparavant. Il s’est avéré que ce portrait fut d’un réalisme stupéfiant pour un débutant comme moi. Etant quelqu’un d’assez cartésien et très sévère envers moi même, je dois t’avouer que je ne comprenais pas tout…A partir de la, je n’ai plus arrêté, pour finalement me spécialiser dans le réalisme grand format (plus de 1,00m) aux Pastel Secs (animalier / portrait / floral principalement) et en faire mon métier/passion.

Etant un grand passionné de tatouage depuis de longues années, j’ai alors décidé de réaliser la même chose en tatouage, tout simplement ! Pour ne rien te cacher, j’ai pratiquement débuté le tatouage directement dans le réalisme. Mon troisième tatouage était un portrait réaliste couleur réalisé sur ma propre cuisse a l’envers : 9h de souffrance, un résultat satisfaisant, et une expérience que je ne réitérerai pas… surtout niveau douleur et concentration !

 

 

Tu es donc autodidacte, comment cela se passe quand comme toi on pars de rien ?

J’ai d’abord pratiqué du tatouage réaliste de façon très intensive sur des  membres en silicone et de la peau en silicone jusqu’à en comprendre les subtilités. C’est beaucoup de travail et surtout beaucoup d’investissement pour débuter avec du matériel haut de gamme, sans compter le prix des encres… Bref, c’est compliqué, on se heurte a beaucoup de problèmes techniques, mais c’est aussi quelque chose de très satisfaisant que de résoudre des problèmes et se faire sa propre expérience et son propre style.

 

As tu fait un apprentissage ? Si oui dans quel salon, comment ça s’est passé ?

Après plusieurs mois d’entrainement j’ai entrepris ma quête d’apprentissage (comme tout bon élève)… Beaucoup m’avaient signalé que « trouver un apprentissage n’était pas une mince affaire ». Ce ne fut pas mon cas. Là ou j’ai déposé des demandes, la plupart ont été accepté ; cependant, (c’est la que le « hic » commence) : entre les tatoueurs qui me voyaient comme un appât a gain et les autres comme une potentielle concurrence, j’allais de déception en déception…Faisant face au sévère et  très fermé du monde du tatouage…

Il va sans dire que certains artistes ont tout de même été avec moi de véritables catalyseurs et de véritables amis dans mon apprentissage personnel (je pense à Fabien Belveze ou Elvis Massaro en Belgique, que je salue chaleureusement au passage).

 

 

 

Pourquoi avoir choisi de te spécialiser dans le réalisme couleur ? Quel est le tatoueur que tu admires et pourquoi ?

Le réalisme et l’impressionnisme sont  les courants artistiques que je préfère. J’ai toujours particulièrement apprécié la vivacité des couleurs, leurs possibilités infinies en comparaison aux monochromes de gris. L’exemple de peinture qui me vient en tête pour son jeu des couleurs, ses effet de mouvements et son réalisme, est l’oeuvre de Auguste Renoir : « le Bal du Moulin de la Galette »

Que faire alors sinon du réalisme en couleur : des projets floraux, animalier, des paysages ou des portraits sont pour moi les projets que je préfère. Ce qui ne m’empêche pas de tatouer du réalisme en noir et gris, a l’exception faite que je n’utilise pas des dilutions à l’eau mais des dilutions au blanc (opaque grey), ce qui fonctionne alors comme de la couleur : le maître en la matière étant AD Pancho.

J’admire de nombreux artistes tatoueurs pour leur réalisme et leur style perso, je pense a Thomas Carli Jarlier, Steve Butcher, AD Pancho, Paul Acker, Csaba Mullner…Mais j’avoue être un fervent admirateur de la toute nouvelle génération « Fullcolor » des pays de l’Est comme Caroline Friedmann et Sandra Daukshta (qui m’a d’ailleurs réalisé un bras presque complet). Mon point de vue reste donc très subjectif !

 

As tu déjà participé à des conventions, si oui lesquelles, quel à été ton ressenti ?

Je vais très prochainement entamer mon « année de  convention ». Pau, Montauban, éventuellement Clermont Ferrand, Perpignan et Toulouse l’an prochain.

J’aime particulièrement les conventions tatouage, non pas pour leur ambiance mais plutôt pour le fait qu’elles rassemblent des artistes de divers horizons, que ce soit sur le plan national ou international, ce qui permet un large « melting pot artistique ». On y retrouve aussi de nombreux passionnés de tatouage et de ses différentes branches : que ce soit de l’abstrait au réalisme en passant par le graphique ou le néo-trad… Et ça, c’est top ! Côté négatif, on ne va pas se le mentir, on manque tout de même de place, et sans organisation, on peut très vite se sentir confiné. Personnellement, je pique toujours en musique, je m’évade donc littéralement du monde qui m’entoure quand je travaille…

 

 

Comment as tu été accueilli dans le milieu (par les autres tatoueurs?)

Alors, pour ce qui est du milieu, comme je te l’ai expliqué plus haut, ça a été un peu « ou tout l’un ou tout l’autre ». Soi j’ai rencontré des artistes passionnés, avides d’expériences, de discussions, et d’une gentillesse extrême avec moi. Soi j’ai eu affaire à des personnes très renfermées, ou trop attirées par l’appât du gain, sans forcément avoir la vision artistique du tatouage qui va avec…

Je ne vais pas te mentir, de ce que j’ai pu vivre a l’heure actuelle, le « monde du tatouage » ne m’a pas encore montré ses plus beaux aspects. C’est un monde renfermé et relativement trop souvent peu ouvert d’esprit ; la loi de l’offre et de la demande et le phénomène de mode actuel y sont pour beaucoup. Une fois l’agenda rempli pour plusieurs mois, beaucoup voient leur honoraires à l’heure augmenter largement au dessus des trois chiffres. Le côté humain disparaît progressivement, sans forcément y avoir de preuves tangibles vis à vis des œuvres réalisées… La passion se transforme alors en un travail robotisé. Heureusement, ce n’est pas valable pour tous. Notamment quand on voit les efforts de Chaudesaigues pour promouvoir l’art du tatouage, ou quand on voit des personnes comme Thomas Carli Jarlier, Olivier Poinsignon et bien d’autres encore qui ont su rester très humbles et très « humains » vis à vis de leur clients.

A vrai dire, les plus grands artistes actuels sont pour moi loin d’être les plus coûteux… Sans non plus foncer droit vers l’éternelle question du « combien pour… ». Et la encore, le phénomène de mode actuel renforce cette tendance péjorative : un tatoueur est bien trop souvent vu comme « une imprimante » aux tarifs horaire que comme un artiste en soi. C’est la le côté qui me perturbe le plus… J’ai vraiment très peu de respect envers les tatoueurs qui se permettent de piocher sur internet des dessins ou autres projets destinés à être tatouer et à lister ces projets qui ne sont pas les leurs, sur leur page, tel un magasin étiquetterai les tarifs de ses différents articles… Personnellement il me semble que chaque tatouage se doit d’être une oeuvre d’art unique et personnalisée pour la personne. On doit y retrouver à la fois le style de l’artiste mais aussi les exigences du tatoué ! Et bien entendu, il arrive que les deux ne puissent s’associer, c’est pourquoi je refuse beaucoup plus de projets que je n’en accepte.

 

 

Actuellement, tu bosses ou ? (Shop, studio privé ? )

Studio privé ! Mais attention, je parle ici de vrai studio privé, pas de tatouage dans le salon ou dans la cuisine hein ! Je travaille en pleine campagne, en plein coeur des Pyrénées, proche de ma deuxième passion : la nature, les sports de glisse… à 1h30 de Toulouse, proche de Tarbes / Pau / Lourdes, bref, le Sud-Ouest quoi !

J’ai toujours refusé, et ce depuis le début de travailler en shop, et ce, pour la pure et simple raison que je ne veux pas tatouer autre chose que ma spécialité (quoi que j’aime bien aussi le néo-traditionnel). Autre chose, je suis vraiment repoussé par les tatouages « effet de mode » actuels, selon lesquels aucune vision artistique ne peut transparaître, et aucune liberté artistique n’est possible… Pas besoin d’en faire le listing, tu vois très bien de quoi je parle !

J’aime aussi beaucoup pouvoir réserver ma journée entière avec mon client sans forcément être dérangé, et ce, même si le projet ne demande que 3 ou 4 heures. J’avoue aussi être un « fanatique de l’hygiène » et je ne supportais pas l’idée d’avoir des gens qui rentrent et sortent constamment…Ça me permet aussi d’être vraiment libre au niveau des horaires, et de finir les moindres détails d’un projet jusqu’à tard le soir …

 

 

Comment perçois tu le tatouage moderne , ses nouveaux venus dont tu fais partie ?

Personnellement, je suis fan ! Depuis quelques années le tatouage connait certes un phénomène de mode, mais il connait surtout des progrès démesurés, notamment dans le milieu de réalisme. Des techniques et du matériel de plus en plus poussé qui nous permet de créer des oeuvres de plus en plus perfectionnés et qui résistent au temps.

 

Toi qui débutes, quel est ton ressenti face à ces personnes que tu marques à vie ?

Au début c’était quelque chose qui me stressait vraiment, c’est d’ailleurs pour ça que je me suis perfectionné au maximum sur des éléments en silicone et sur moi même avant même de toucher à quelqu’un. J’ai poussé le vice jusqu’à me réaliser des portraits à l’envers sur moi même… A vrai dire maintenant, je me sens vraiment dans mon élément, d’autant plus quand le courant passe bien avec mes clients ! Et puis, quand je tatoues j’avoue être quand même vraiment dans ma bulle, et les heures se transforment en minutes…

 

Quel type de machines utilises / préfères tu ? Pourquoi ?

Rotative ! Et plus particulièrement la toute nouvelle Xion de chez FK Irons. C’est ma deuxième machine à l’heure actuelle et je crois bien que je ne m’en séparerai jamais. Tout simplement car c’est un peu la Rolls Royce du tatouage. Elle allie efficacité, performances, facilité d’utilisation, une hygiène irréprochable et le tout en un Pen de haute qualité ! J’aime aussi retrouver dans ma main la sensation de tenir un bâtonnet de Pastel sec !

 

 

Le meilleur conseil que tu puisses donner à une personne qui souhaiterais devenir tatoueur ?

Premièrement, avoir goutter à un large panel de techniques artistiques (peinture, pastel, graphite, fusain, aquarelle…). Deuxièmement, être vraiment passionné ! Et troisièmement, surtout, ne jamais abandonner : l’oeil du tigre ! Eh oui, je suis aussi un grand fan des acteurs du cinéma d’action des années 80/90 !

Très humblement, j’essaye d’ailleurs de partager mes expériences et mes conseils avec certains futurs apprentis qui me contactent régulièrement sur la page Facebook.

 

 

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