Salut les amis de l’encre ! Nous revoilà partis pour la suite de ma sélection perso de 7 tatoueurs originaires de ma belle région japonaise, et qui valent le détour (au moins sur leurs galeries sinon sous leur dermo). Dans la première partie, nous avons parlé de Gakkin à Kyoto, Genko à Nagoya et Katsu à Hiroshima. Dans cette deuxième partie, nous allons nous intéresser à 4 autres pointures.

Je tiens évidemment à rappeler que ceci n’est qu’une sélection. Il y a bien d’autres artistes ici, et bien entendu beaucoup d’autres dans tout le pays, connus ou moins connus, qui méritent qu’on les recherche. De plus, mon objectif est, non seulement de promouvoir la production locale, mais surtout de démontrer l’incroyable richesse de la scène japonaise actuelle. Comme dans toutes les disciplines, le Japon a su faire évoluer sa richesse historique en la respectant sans la figer ni refuser l’évolution. Alors on y va, première escale : retour à Kyoto, non loin de Gakkin, dans le poste de travail mitoyen, littéralement, se trouve Gotch.

Gotch est le propriétaire du studio 針三昧:harizanmai où officie également Gakkin. Sans grande surprise, leurs styles sont assez proches, mais Gotch incorpore encore un peu plus de couleur que son compère.

Si l’homme conserve à merveille un trait fortement traditionnel, son utilisation parcimonieuse des couleurs, contraste avec l’habitude du style plus ancien. Il incorpore volontiers du dotwork pour ses remplissages, donnant une texture plus occidentale à ses motifs. Il aime aussi, comme beaucoup, se plonger dans de grandes pièces impressionnantes.

Mais il navigue aussi très aisément dans le noir et gris, réalisant de superbes pièces au placement parfois osé. N’hésitez donc pas à faire appel à son talent si, comme moi, vous êtes un amoureux du N&G. Sachez d’ailleurs que Gotch réalise des guest à Paris de temps en temps, ne manquez pas un de ses passages dans la capitale !

Laissons là l’ancienne capitale de l’Empire, pour nous diriger, quelques kilomètres plus au Sud, dans une encore plus ancienne capitale, ma très chère ville d’Osaka. Je voudrais réellement prendre le temps de parler de Magu.

Beaucoup de tatoueurs Japonais sont reconnus parmi les meilleurs mondiaux car ils jouissent d’une forte popularité sur les réseaux sociaux. Ils voyagent beaucoup, parlent anglais etc. Magu a toujours été du genre discret. Ne parlant que japonais, sa clientèle est essentiellement locale et peu disposée à exposer son travail. C’est pourtant lui qui m’a redonné l’envie de me faire tatouer et m’a fait redécouvrir mon amour pour cet Art.

Sa maîtrise du shading Noir et Gris me laisse sans voix. Toujours fluide et hautement technique. Plus encore, sa capacité à jouer avec les espaces négatifs, laissant le vide dessiner la forme, comme dans ce phœnix plus haut ou ce serpent ci-dessus, me transporte. Il utilise les figures traditionnelles en leur apportant une touche réaliste intéressante.

Toujours à la recherche de nouveaux défis, il s’oriente de plus en plus vers ce qu’il préfère : l’estampe. Il travaille d’abord à l’encre sur papier, façon traditionnelle, et reproduit la pièce sur la peau du client. Après qu’il m’ait tatoué le dos, j’ai voulu lui donner l’occasion de s’exprimer sur mon torse, avec mon idée de base, et toute sa créativité. En voici le résultat.

Aujourd’hui Magu a quitté le Japon, à cause de la forte répression qui va grandissante envers les studios de tatouage. Il va désormais tatouer aux Etats-Unis (avec l’aide de mes quelques cours d’anglais, il se débrouille très bien). Il s’ouvre donc de plus en plus au partage de son travail et appréciera un follower ou deux de plus sur son compte instagram (liens en bas de l’article). Quelques « like » aussi, si comme moi vous jugez qu’il n’a pas encore toute l’attention qu’il mérite.

Après ce moment éhonté de copinage (car oui je l’admets, Magu est un ami et je voulais profiter de ces articles pour lui rendre hommage, et puis avouez que ce n’est pas volé), nous prenons la route du studio de Miyazo.

Miyazo est beaucoup plus connu mondialement. Fréquemment relayé par les gros sites spécialisés, présent dans de prestigieuses expositions telle que Perseverance aux côtés de Shige ou Horitaka, c’est pourtant dans une petite ville à moins de 2 kilomètres de chez moi qu’il officie. Magu m’a toujours dit « Miyazo, pour moi, c’est le meilleur tatoueur. Point. »

Miyazo est sans doute le plus traditionnel des artistes de ma sélection. Mais il repousse toujours plus loin le travail de la forme. Il établit un équilibre assez impressionnant entre le motif et le fond, de sorte que l’un et l’autre se partagent la vedette, que ce soit sur des petites ou des grandes pièces.

Allant même parfois jusqu’à confondre les deux.

Je sais que cet article est déjà long, mais je ne pouvais pas terminer sans parler d’un dernier homme. Car si j’ai déjà beaucoup insisté sur la diversité de la scène nippone, il faut que j’aille jusqu’à parler d’artistes qui établissent leur maîtrise dans des styles très éloignés du traditionnel, comme par exemple le géométrique. Il y a bien sûr Kenji Alucky dont j’ai déjà parlé rapidement dans mon article sur Gakkin, mais lui est au nord du pays. Ici bas dans l’Ouest, nous avons Nissaco.

Nissaco a longtemps travaillé sur Osaka au studio Chopstick Tattoo, qui a malheureusement été fermé récemment par la police. S’ils vont se relocaliser à Hawaï, Nissaco, enchaîne les guests, il était récemment en Espagne si je ne m’abuse. Quoi qu’il en soit, depuis quelques années, il a mis l’accent sur sa géométrie, un style très exigent techniquement. Il a la chance d’avoir quelques clients qui lui sont fidèles et dédiés.

Il réalise aussi de plus petites pièces, bien entendu. Je dois avouer mon manque de connaissance des tatouages géométriques, c’est une école que je respecte beaucoup mais qui reste assez éloignée de mes goûts personnels. Je vous laisse donc faire votre propre lecture de ses travaux et de leur qualité technique. Vous noterez tout de même que l’histoire japonaise n’est jamais bien loin, et que même lui, garde un pied fermement ancré dans sa culture.

Et voilà, c’est tout pour cette sélection. N’oubliez pas de lire la partie 1 si vous l’avez manquée. J’espère vraiment avoir mis en lumière quelques artistes, car même célèbres, les japonais jouissent d’une moins grande audience en Occident. On oublie leurs noms plus facilement, ou, faute de connaissances pour le style, on a tendance à ne pas bien voir les différences. J’espère aussi que vous serez assez curieux pour aller plus loin, et découvrir d’autres artistes du tatouage japonais, qu’ils soient eux-même nippons ou non.

Enfin, voici les liens qui vous permettront de suivre ces talents à la trace. Répandez la bonne parole ! Car le tatouage japonais a besoin, plus que jamais, du soutien de la communauté. Maltraité sur son propre sol, incompris et tranquillement écarté, dans l’indifférence générale, c’est à nous de montrer notre gratitude pour ce qu’il a apporté à notre passion.

Gotch
Facebook :https://www.facebook.com/gotch
Instagram : @gotch_tattoo

Magu
Facebook : https://www.facebook.com/tattoomagu
Instagram : @tattoo_magu

Miyazo
Site internet : http://www.miyazo.com
Instagram : @myztat

Nissaco
Facebook : https://www.facebook.com/nissacotattoo
Instagram : @nissaco

A propos de l'auteur

Passionné par le tatouage, la photo, et l’image en général, cet expatrié au Japon, diplômé d’Arts Plastiques repenti aime regarder le monde. Vous pouvez également retrouver ses articles tatouages sur son blog personnel Le Support et l'Encre son Instagram ou suivez-le sur Facebook pour toujours plus de tatouages

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