Nous reprenons nos interviews de tatoueurs avec comme artiste Loïc Malnati, ancien illustrateur de BD et graphiste reconnu dans plusieurs pays, il s’est lancé dans le tatouage et cela donne un très bon résultat.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Loïc Malnati. Tatoueur, auteur/dessinateur, designer…
Tu as plusieurs activités, toujours dans le domaine de l’art, et tu as donc décidé de te lancer dans le monde du tatouage. Qu’est-ce qui t’as poussé vers ce milieu ?
Plusieurs choses consécutives.
Depuis l’adolescence, je suis intéressé par la création de modèles pour le tatouage. J’en ai dessiné beaucoup pour moi, juste par plaisir.
Un ami qui tatouait m’a refilé son matos car il a cessé son activité. Il m’a affirmé que j’étais fait pour le tattoo, qu’il fallait que j’essaie… Je l’ai écouté.
En deux mois, je refusais du monde, le tatouage débordait déjà sur mon travail en BD.
Le bouche à oreille a été très rapide.
Es-tu toi-même tatoué et si oui, peux-tu nous parler de tes pièces ?
J’ai appris à tatouer sur moi, je teste mes aiguilles et mes encres. J’ai ma cuisse gauche tatouée et l’avant bras gauche… Et l’index. C’est des tests sans importance.
Comment t’organises-tu entre tes activités de design, storyboard et le tattoo dans cet atelier ?
Je tatoue à plein temps depuis 2012. J’ai cessé toute activité de BD et audio-visuelle.
J’ai quitté mon atelier depuis avril 2012. J’ai ouvert mon shop au 21 avenue Villermont à Nice.
Dans mon atelier je tatouais le week-end dans une salle que j’avais aménagée pour, et je dessinais le reste du temps… Puis, je me suis mis à prendre des gens en semaine, jusqu’à ne plus trouver le temps pour dessiner. Le bascul définitif a été la fin de mon dernier album, Congo-Océan, chez Glénat. J’ai signé un autre contrat avec Glénat depuis, mais je n’ai plus le temps d’y travailler.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Quels sont tes projets concernant tes autres activités ?
J’ai plusieurs bouquins en projets… Surtout un scénario sur lequel je travaille quand je peux. Je le proposerai à un bon dessinateur prochainement. Je ne peux plus dessiner d’album moi-même, plus envie, plus le temps.
J’ai refusé le dernier boulot de designer pour le cinéma qui m’a été proposé, ça ne m’intéresse plus.
Par contre, je suis entrain de créer un espace galerie dans mon Shop, et j’y expose mes toiles. Je peins souvent quand je ne tatoue pas.
Je donne aussi des cours de design et dessin à l’école supérieure de réalisation audio-visuelle (pour la section animation 3D)… Mais j’ai du réduire considérablement mes heures de cours. Je n’y vais plus que le lundi d’octobre à mars.
Quelles sont tes influences en matière de tatouage ?
Je n’ai pas d’influences en tatouage. Je déteste la mode et les courants en général. Je ne me fie qu’à mes sentiments, et une volonté de trouver un espace commun esthétique avec mon client.
Mon moteur, c’est de me révolutionner tout le temps, de ne pas m’endormir sur un style et des habitudes.
Par ailleurs, je trouve le niveau technique moyen assez faible, je ne vois pas de grands dessinateurs dans le tatouage… Il faudrait que je cherche à l’occasion, mais je m’en fous en fait.
Est-ce que tes clients viennent te voir spécialement grâce à ton expérience dans la BD afin d’avoir une pièce en rapport avec cela ou as-tu toutes sortes de demandes ?
En BD comme en tatouage, je n’ai pas développé un style en particulier, j’ai toujours voulu aller voir ailleurs ce qu’il se passe… Donc les gens ne viennent pas me voir parce que mon style d’auteur les attire, mais plutôt, je crois, parce qu’ils savent que je pourrai créer le tatouage dont ils rêvent, en y apportant mon savoir faire graphique.
Donc, oui les gens viennent beaucoup chez moi parce que je suis dessinateur professionnel reconnu, mais pas pour un genre en particulier.
Disons que ma carrière me rend crédible pour un large public.
Comment as-tu appris à encrer, était-ce par toi-même ou as-tu suivi une formation ?
J’ai utilisé toutes les techniques de dessin et peinture existantes, je crois (jusqu’au cendrier plein mélangé au ketchup comme base, pour dédicacer mes albums… Après quelques bières…),
J’ai fini par ne plus travailler qu’à l’ordinateur pour une question de rapidité.
J’ai trouvé que le tatouage se rapproche assez de l’utilisation que je fais de l’aquarelle, la technique est voisine. J’ai appris sur moi, et sur mes amis… Et puis j’ai attaqué directement des trucs sérieux, avec de la couleur et des textures poussées. Ca fait 18 ans que je dessine toute la journée, … sans vacances, ma main m’obéit bien. Il m’a suffit de comprendre comment la peau fonctionne.
Ensuite, j’ai sympathisé avec des tatoueurs rigoureux et d’expérience et j’ai été invité en guest chez eux (Arte Corpus Toulon et Marseille). J’ai bossé avec Pierrot d’Arte Corpus Marseille, et beaucoup parlé avec Guy de Toulon. Ils ont été très généreux avec moi, et m’ont refilé plein de petits tuyaux qui m’ont aidé, notamment dans l’organisation de mon travail. J’ai gagné beaucoup de temps grâce à ça.
Comment as-tu réussi à te faire connaître ?
Le bouche à oreille a fonctionné immédiatement. Je n’ai pas eu à courir après les gens.
As-tu un conseil pour nos lecteurs ?
Le tatouage est avant tout un ornement. Il faut être exigeant là-dessus. On voit beaucoup de pièces assez techniques qui sont mal posées, ou qui donnent l’impression que l’on s’est collé une image sur le bras… Ou à l’inverse, un truc bien posé, très anatomique, mais qui manque d’audace dans les détails.
Soyez exigeants, un tatouage doit être beau à 15 mètres, comme à 20 cm. C’est un tout.
Par ailleurs, un tatouage est personnel, il doit ressembler à la personne qui le porte. Le tatoueur doit être sensible à ce que dégage la personne et déranger ses habitudes pour aller vers l’autre… C’est la moindre des choses, au prix d’une pièce.
Quelques tatouages et illustrations réalisés par Loïc Malnati
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Un grand merci à loîc pour nous avoir accordé cette interview, Vous pouvez le suivre sur son blog tatouagenice.blogspot.com et sur son facebook
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