François Amoretti est un « jeune » auteur de bande-dessinée qui a beaucoup fait parler de lui lors de la sortie de son livre « Burlesque Girrrl » (le 14 juin 2012 aux éditions Ankama.). Le burlesque avait fait son entrée médiatique depuis quelque temps et donc une bande dessinée qui rend hommage à cette scène était une excellente idée ! Elle narre les aventures de Violette, une jolie effeuilleuse de la scène new burlesque aux formes affriolantes et aux cheveux de feu. Depuis, il a remporté le prix « Bulles Zik  » et se concentre sur le préparation du tome 2. Je vous présente François, un gentlemen charismatique à l’allure rétro qui possède une jolie paire de moustache rebiquée mais également une belle collection d’encres.

Son site officiel: http://francoisamoretti.blogspot.fr ainsi que son facebook :https://www.facebook.com

 François Amoretti © Alex O'Toole

François Amoretti © Alex O’Toole

Alors, tu as suivi des études de droit pénal et de criminologie que tu as abandonnées afin d’intégrer Pennighan, une école prestigieuse parisienne d’arts graphiques, pour revenir dans le domaine pharmaceutique. Quel est le lien entre ces différents domaines ? Et es-tu sur de continuer les bandes dessinées pour de bon ? (sourires)

Le lien est parental, dans ma famille, il est préférable de suivre une voie sûre. Il fallait s’affranchir et c’est enfin fait mais cela a pris bien quinze ans et donc passage par l’université de droit et de pharmacie. Oui je continue la bande dessinée. Écrire et dessiner des histoires est ma drogue, je ne peux rien faire d’autre. Rien du tout. Plusieurs personnes m’ont conseillé de faire de la comm. pour mieux gagner ma vie mais à chaque fois je leur réponds la même chose : je ne serai pas bon parce que je ne le ferai pas avec tout mon cœur.

Est-ce qu’on peut considérer que tu es un artiste autodidacte ?

Oui je pense. J’ai suivi les cours de l’académie de Penninghen à Paris mais à part la prépa, je n’y ai rien appris d’utile pour ce que je fais maintenant. La rigueur peut-être, mais je l’avais déjà acquise en étudiant le droit. D’ailleurs cela se sent… mon dessin est naïf, pas vraiment juste, mais il me semble plus mûr que la plupart des jeunes auteurs (puisqu’on me range dans cette catégorie).

Tu as publié plusieurs livres dont « Gothic Lolita » et « Burlesque Girrrl« . Est-ce qu’on peut dire que tu as une fascination pour les femmes à forte personnalité ?

Absolument! Mais pas que les femmes à forte personnalité, ce serait plutôt toutes les femmes. Je pense qu’on a suffisamment parlé des hommes. Etant un homme, c’est assez difficile et délicat d’avoir ce genre de prétention et je ne pourrais jamais prétendre comprendre les femmes. Pas d’utérus, pas d’opinion. Mais je fais de mon mieux et je pose des questions, j’essaye de ne pas faire d’erreur.
Pour Burlesque Girrrl, je voulais un fond, même s’il est léger et pas abordé de front, féministe. J’ai rencontré l’ancienne secrétaire de l’asso « Chiennes de garde » et nous avons beaucoup parlé du scénario et des dialogues, de l’approche de l’héroïne, Violette. Violette est sexy, on la voit sexy mais regardez de plus près, elle l’est pour elle-même, pas pour le lecteur.

© François Amoretti / ankama-editions

© François Amoretti / ankama-editions

Le Grrrl de Burlesque Girrrl fait-il référence à la mouvance des Riot girrrl ?

Oui et c’était même le titre que je souhaitais pour l’album. Nous y avons rajouté le « i » et le burlesque pour que ce soit plus facilement prononçable et compréhensible.

Quelle effeuilleuse a inspiré l’héroïne rousse de « Burlesque Girrrl » ?

Aucune et toutes en même temps. Certains me demandent si c’est Lada Redstar vu que nous sommes amis mais je voulais parler de toutes mes amies à travers Violette.

Était-ce important pour toi de dessiner un personnage aux formes voluptueuses ?

Oui, je pense que les formes de Violette nourrissent le propos de l’histoire. C’est même mon amie des « Chiennes de garde » qui m’a conseillé d’exagérer son physique. Il me semble que sa sur-féminisation donne plus de force au récit : imaginez que vous croisez cette femme dans la rue (quel que soit votre sexe), vous vous retournerez sur son passage, qu’elle vous plaise ou non, elle est LA femme, une sorte de Marilyn Monroe, une Brigitte Bardot (à ses débuts, hein !). Elle porte les symboles archaïques de son genre et une personnalité de fer. Quand une lectrice me dit qu’elle a trouvé de la force et du courage grâce à Violette, je me dis que j’ai réussi. Les dessinateurs de BD hommes font toujours (ou presque) de leurs héroïnes des mannequins, elles ont des proportions de filles de magazines : des hanches, mais pas de gros culs, des seins, mais ni petits ni gros, un ventre plat bien sûr. Avant, je dessinais des jeunes filles filiformes (Gothic Lolita, Le petit chaperon rouge), dans Burlesque Girrrl, Violette a les fesses rebondies, un bidon et certainement les seins les plus incroyables de la bande dessinée. Ma prochaine héroïne a des hanches très larges et des cuisses en proportions. Je ne veux pas dessiner mes héroïnes comme un homme, je veux les dessiner comme elles sont.

© François Amoretti / ankama-editions

© François Amoretti / ankama-editions

Est-ce que tu pourrais dessiner un recueil de pin-up façon Gil Elvgreen (une de tes influences) mais aux allures modernes comme notre héroïne new burlesque ?

Oh oui ! J’adorerais ! Faire toute une série de portraits… ce serait génial, mais je n’en ai pas le temps. J’essaye de gribouiller une pin-up de temps en temps, mais je n’aurais pas de quoi faire un recueil avant la fin de ma vie.

Alors, heureux d’avoir remporté le prix Bulles Zik ?

Oui !!!! Ravi ! Le vote a duré trois mois et c’était trop long. Je l’ai pris très à cœur mais l’attente a été longue. À la fin, je me disais juste « que ça se finisse, qu’importe l’issue ! ».

Est-ce que cela va te permettre de bénéficier de nouvelles opportunités ?

Je ne sais pas vraiment… ça devrait apporter une meilleure visibilité à l’album. On prévoit de mettre un petit macaron annonçant la bonne nouvelle sur la couverture du tome deux.

Quel sera le sujet de ta prochaine bande dessinée ? Une héroïne de roman noir pourrait t’inspirer ?

Par exemple comme le film The Black Dahlia ? (Étant issu de la criminologie) J’ai trois/quatre projets en cours. Le premier est une bande dessinée érotique que je fais avec un scénariste de renom. Puis en projets personnels, une BD sur la fin du monde et, effectivement, un polar dont j’ai écrit le scénario avec mon amie Mélissandre. On y retrouve Violette d’ailleurs. C’est une histoire très sombre et violente, mais assez onirique aussi, inspirée du film « L’échelle de Jacob ».

© François Amoretti / ankama-editions

© François Amoretti / ankama-editions

Comment as-tu découvert le tatouage ? À quel âge as-tu commencé à te faire encrer ?

Très tôt, depuis tout petit même. Je voulais des tatouages de pirates quand j’avais cinq ans. Je voulais me tatouer quand j’avais 20 ans mais j’ai toujours reculé au dernier moment : je savais que j’étais trop immature et que je finirai par regretter. J’ai attendu d’être un adulte (35 ans, haha !) pour passer à l’acte.

Quels tatoueurs ont encré ta peau ?

Un seul : Lionel Mr. Biz. Tatoueur à Aix-en-Provence, ma ville. À mes yeux, le tatouage n’est pas un acte anodin et ne peut pas être pris à la légère (je devrais me décoincer un peu plus, je sais, je sais) et je voulais connaître et surtout faire confiance à mon tatoueur. J’ai pas mal parlé à Lionel avant de me lancer. Ce fut vraiment une rencontre !

As-tu un style de prédilection dans le tatouage ?

Je ne sais pas… peu importe, tant que c’est beau. Les portraits réalistes me laissent un peu perplexe tout de même… surtout si c’est Johnny Hallyday… Le tatouage est comme un vêtement, il doit aller à son propriétaire. Quel que soit son style.

Est-ce que tes tatouages ont une signification particulière ?

Oui, beaucoup. Je les ai faits à un tournant dans ma vie. Ils parlent de mes échecs, de mes croyances, de mes fétiches et totems, de mes enfants, de ce qui me donne de la force. Par exemple, Violette apparait à deux endroits différents. Je pense que d’autres de mes futures héroïnes viendront la rejoindre.

Est-ce que tu t’imposes une limite ? par exemple, les parties visibles ?

Ça n’a pas d’importance. Le tatouage m’est intime et je les ai pour moi. Peu importe qu’on les voit ou non. Par contre, je préfère garder les significations plus personnelles cachées : par exemple, on ne voit jamais Violette.

© François Amoretti / ankama-editions

© François Amoretti / ankama-editions

Je crois savoir que tu dessines parfois à la commande des motifs de tatouage ?

Oui, on me demande souvent de dessiner des tatouages.

Est-ce que tu bouges souvent en convention ?

Vu que je travaille beaucoup, je n’y vais pas souvent sauf si j’y suis invité. Pour l’instant, je fréquente les conventions de Nantes et de Montpellier. Je pense que la prochaine fois, je me ferai bien faire une dédicace d’un tatoueur étranger ou d’une tatoueuse étrangère. J’ai regretté, à Montpellier, cette tatoueuse new-yorkaise (dont j’ai oublié le nom… grrr!)… J’aurais dû oser un petit truc, j’ai besoin de plus de légèreté et de spontanéité dans ma vie.

Par quels tatoueurs as-tu réellement envie de te faire encrer ?

Je reviens à ce que je disais plus haut, j’ai besoin d’être en confiance et de bien m’entendre avec le tatoueur. C’est donc difficile. J’aime Philippe Leu et Gogue pour leurs techniques, mais leurs thèmes moins. J’aimerais une pièce de Sissou qui tatoue à Montpellier.

Quelles seront tes prochaines conventions ? Ou prochaines dédicaces ?

Je ne sais pas encore… Quand le tome deux sortira ou un peu avant je devrais en savoir un peu plus. Pour l’instant, je vais garder mes week-ends pour moi, cet été.

A propos de l'auteur

38 ans, photographe pour inked puis rise.... amoureuse de l'image. Tatouée depuis l'âge de 17 ans, passionnée d'histoire et de culture du tatouage. Collectionneuse invétérée de livres sur ce sujet. Co-créatrice d'un fanzine dédié au tatouage FREE HANDS FANZINE. Son profil Google plus

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